L’Histoire se répète, encore et encore…
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** Ce texte sur l’histoire est une collaboration de M. Jérémie Rivard. Enseignant au secondaire en français et en histoire, Jérémie est également l’animateur du podcast historique Sur la terre des hommes. (Podcast dans lequel je suis co-animateur) **
Ça fait un bout de temps que je n’ai pas pris le temps de vous écrire. Un long moment, je dirais même. À travers les obligations professionnelles et familiales, l’écriture et bien sûr le podcast, prennent beaucoup de place et de temps dans ma vie.
Cependant, j’ai eu une épiphanie dans les derniers jours et je me devais de vous partager cette illumination que certains et certaines ont certainement eu dans ces derniers mois interminables de pandémie.
L’idée est très simple et une expression qui en découle est connue de tous ou presque : L’Histoire se répète.
Avec tout ce qui passe avec la pandémie de Covid-19, depuis maintenant un an ou plus, si vous lisez ce billet dans quelques mois ou années, l’Histoire, telle que nous l’avons vécue au début du siècle dernier, semble être un copié/collé avec ce que nous vivons depuis le début du 21e siècle. Pour réussir à comprendre, plongeons dans l’Histoire.
En 1914, la Première Guerre mondiale ou Grande Guerre éclate en Europe.
Le continent se déchire de toutes parts pendant quatre ans, qui, aux dires des principaux belligérants comme la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne ou l’Autriche-Hongrie, ne devait durer que quelques mois, tout au plus.
La guerre est interminable, meurtrière et sans pitié. Maintenant connue comme la première guerre industrielle en tout point, elle fera environ 20 millions de morts, dont la moitié sont des civils. En 1918, on la qualifie de guerre qui devait mettre fin à toutes les guerres. Les deux décennies suivantes n’auront que faire de ces belles paroles.
Pendant ces quatre années, ce sont des millions d’hommes qui combattent au front et ce, sans trop comprendre pourquoi. Pour la Patrie, pour la gloire de la nation, les intérêts personnels des dirigeants? Je crois qu’il s’agit d’un mélange des trois.
Pendant ces infernales quatre années, les jeunes soldats qui représentent l’avenir du continent européen vivront dans des tranchées insalubres, seront sous-alimentés, dormiront parmi les rats et contracteront des maladies infectieuses.
À leur retour parmi les leurs, qui sont tout autant mal-en-point par cause de restrictions, de l’absence du soutien du travail des hommes et de stress, ces soldats ramèneront un ennemi encore plus redoutable : la Grippe espagnole.
D’avril 1918 au printemps 1919, la Grippe espagnole, de type H1N1, fera entre 50 et 100 millions de morts.
Et oui, une simple grippe… Comment expliquer une telle hécatombe? Pour toutes les raisons énumérées dans le précédent paragraphe.
Il s’agit du pire fléau des derniers siècles. Le virus contrairement à la grippe ordinaire fauche tout ce qui se trouve sur son chemin, allant de l’enfant dit en bonne santé, au vieillard en passant par les invalides de la Grande Guerre. L’heure n’est pas aux réjouissances de la fin du premier conflit mondial.
Des salles communautaires font office d’hôpitaux pour soigner les malades, on demande à la population de prendre ses distances vis-à-vis des autres et de porter le masque. Ça vous rappelle quelque chose?
La désolation fait bientôt place à la lumière et au bonheur. Les années 1920 débutent sous le signe du renouveau, d’un nouveau départ pour l’Occident. En effet, après six ans de conflit et de pandémie, la population retrouve espoir en la vie. La Grippe espagnole est chose du passé et les gens recommencent à se voir, à fraterniser.
C’est un temps de paix.
Les emplois sont nombreux. Les gens ont les moyens de se nourrir, se vêtir, se loger et même plus. Les années 1920 sont une décennie où les gens commencent réellement à se divertir et ne pensent pas qu’à survivre. Les cinémas, les théâtres, les salles de spectacle émergent un peu partout.
De plus, le crédit est désormais disponible pour un plus grand nombre de citoyens. On emprunte, on dépense, on jouit enfin de la vie. De cette révolution sociale, naîtra enfin les premiers regroupements féministes.
Tout ce monde idyllique s’écroule brutalement, le 24 octobre 1929, avant d’être définitivement anéanti le mardi suivant, le 29 octobre. L’économie mondiale s’écroule en l’espace de quelques jours. L’accès trop facile au crédit amalgamé à la spéculation boursière provoquent le krach de Wall Street.
Les riches voient leur fortune fondre comme neige au soleil. Les petits épargnants perdent tout. Les plus pauvres sont carrément jetés à la rue. Le rêve qui a duré une dizaine d’années tourne à un cauchemar sans fin pour lequel les gouvernements peinent à trouver des solutions.
Le pouvoir d’achat n’existe tout simplement plus.
La population gagne à peine pour se mettre un toit sur la tête et mettre du pain sur la table. Au sud de la frontière, le gouvernement de Franklin Delano Roosevelt met de l’avant son New Deal, un énorme projet de construction et de rénovation d’infrastructures et bien sûr d’aide directe à la population (coupons pour la nourriture, dortoirs, soupes populaires, etc). Cet interventionnisme de l’État sera reproduit au Canada et au Québec.
La crise s’éternise et la colère se fait sentir, ici, mais plus particulièrement en Europe, où un nouveau courant, le fascisme, galvanise les populations mécontentes de l’aide que leur proposent leurs gouvernements. Vous devinerez que je parle plus particulièrement de l’Italie et de l’Allemagne.
L’Italie, depuis le début des années 1920, est dirigée par Benito Mussolini. Se faisant appeler Il Duce (Le Chef), il agit comme un empereur romain de l’Antiquité. Mussolini envahit des territoires comme l’Éthiopie, où les populations locales n’ont aucune chance face à l’armée italienne.
Il préconise une politique de terreur où les opposants au régime sont réduits au silence. Il Duce cultive un culte de la personnalité fort pour sa population et celle-ci le voit comme un demi-dieu et ça marche. Mussolini semble redonner sa gloire ancienne à l’Italie.
Les Italiens sont conquis.
Plus au nord, en Allemagne, un vétéran de la Première Guerre mondiale sème le mystère dans de obscures brasseries de Munich. Il est vocal, sûr de lui et théâtral. Il donne ses discours devant quelques dizaines de personnes, mais bientôt les brasseries sont trop petites pour accueillir tous ceux qui veulent voir et écouter Adolf Hitler.
Au départ, il ne fait partie d’aucun groupe, association ou parti politique. Il voit la misère du peuple allemand et il l’affirme haut et fort. En 1920, ses proches collaborateurs et lui réorganisent un parti travailleur qui deviendra le NSDAP, mieux connu sous le nom : Parti Nazi. L’ascension au pouvoir ne se fait pas sans heurt.
Constatant le lamentable échec du Putsch de Munich de 1923 qui a résulté à son incarcération, Hitler prend la décision d’atteindre le pouvoir par voie démocratique. À sa sortie de prison, après seulement quelques mois, il donne l’allure du chef dont l’Allemagne a besoin.
Misant sur l’antisémitisme, il accuse les Juifs d’être la raison des malheurs de l’Allemagne depuis la fin de la Grande Guerre. Son ministre de la Propagande, Joseph Goebbels, le disait : Un mensonge répété dix mille fois devient une vérité. Il prendra le pouvoir total en 1936, avec les conséquences que vous connaissez.
Quelle conclusion pouvons-nous tirer de ce petit cours d’histoire? La principale est que chaque grande crise (Première Guerre mondiale et la Grippe espagnole) entraîne une sortie. Au siècle dernier, les années folles furent des moments de joie et d’abondance. Pour revenir à ce que nous vivons, les conflits armés incessants depuis des décennies et la pandémie de Covid-19 peuvent être considérés, selon moi, comme un grave moment de crise pour l’humanité.
Comment en sortirons-nous?
Les prix dans les épiceries montent depuis le début de la pandémie. Celui des habitations aussi. Après tout cela, connaitrons-nous des Années folles? Est-ce que l’économie connaitra un boom comparable à celui des années 1920? Peut-être bien, mais il sera important de ne pas laisser l’Histoire se répéter.
Dans l’Après-Covid, ne laissons pas des individus mal intentionnés chercher des coupables pour les malheurs du passé. On ne sait jamais comment cela pourrait se terminer… Il faudra, chacun d’entre-nous qui faisons partie de cette Humanité, ne pas tomber dans les extrêmes, dans les dérives autoritaires.
Je suis conscient qu’il s’agit ici d’un point Goldwin de catégorie olympique, mais souvenez-vous que nous avons l’habitude d’oublier le passé et de répéter les mêmes erreurs.
- Jérémie Rivard
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