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L’enseignement : Pour en finir avec la fameuse vocation

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** Ce texte sur le concept de vocation en éducation, publié dans le cadre de la Semaine des enseignants, est une collaboration de M. Sébastien Lunardi, enseignant d’Univers social en secondaire I **

En cette semaine nationale des enseignantes et des enseignants, nous verrons, moi et mes collègues, un grand nombre de jolis messages nous félicitant et nous remerciant de notre travail que nous faisons pour les jeunes.

Nous recevrons des fleurs, des chocolats et toutes sortes de petits cadeaux qui nous feront sentir que nous sommes reconnus pour ce que nous accomplissons, c’est-à-dire amener les jeunes vers la réussite scolaire.

Cependant, comme le dicton le dit si bien : « toute bonne chose a une fin » et ce sera malheureusement le cas pour cette semaine aussi.

Après avoir reçu les fleurs, nous recevrons le pot.

Nous recommencerons à recevoir les critiques de la population face à notre travail, mais surtout face à nos demandes, car nous sommes en période de négociation. Hé oui! Qui dit négociation, dit demandes.

L’un ne va pas sans l’autre. Toutefois, un sentiment semble bien ancré dans la population québécoise lorsque nous parlons de nos demandes : nous sommes des enfants gâtés qui ont deux mois de vacances l’été.

Il s’agit d’un des deux arguments les plus entendus lorsque l’on parle de la profession enseignante. Le deuxième? On nous rappelle qu’être une enseignante ou un enseignant est une vocation.

Avant de perdre patience et d’écrire tout mon texte en majuscule, essayons de comprendre l’évolution de l’enseignement au Québec.

Pourquoi dit-on que l’enseignement est une vocation?

Afin de bien comprendre cette évolution, voyons d’où arrive cette idée que l’enseignement est une vocation. Tout d’abord, ce domaine, tout comme celui de la santé, était pratiqué jusqu’au milieu du 20e siècle par des religieux, des religieuses et des femmes.

Nous pouvons donc faire un lien entre qui pratiquaient ce métier et les deux définitions du mot vocation. La première définition est « Inclination, penchant particulier pour un certain genre de vie, un type d’activité ».

C’est en lien avec la présence des femmes, car elles avaient, depuis l’Antiquité, la responsabilité de l’éducation des jeunes enfants tout en s’occupant de la maison. Nous comprenons alors, en lisant la définition que la femme avait un penchant particulier pour l’enseignement.

L’autre définition du mot vocation « Acte par lequel Dieu prédestine tout homme à un rôle déterminé, qui constitue sa fin personnelle, en particulier destination, appel au sacerdoce ou à la vie religieuse », correspond à la présence importante de la religion dans le paysage culturel québécois.

Les religieux et les religieuses étaient responsables, depuis l’arrivée des Européens en Amérique, de faire l’enseignement religieux des colons et des autochtones sur le territoire.

Par la suite, leurs enseignements se sont élargis et ils ont incorporé d’autres matières comme la langue et les mathématiques. Il s’agissait alors vraiment d’une vocation, car ces religieux et ces religieuses ne vivaient que pour la religion et l’éducation. Ce fonctionnement a été en

place au Québec jusqu’à la Révolution tranquille.

La laïcité de l’enseignement : début de la profession enseignante jusqu’à aujourd’hui

Avec la création de Ministère de l’éducation en 1964, le gouvernement du Québec amorce un très grand changement dans le domaine de l’enseignement. Ce ne sera plus des religieux ou des religieuses qui agiront à titre d’enseignants, mais bien des gens formés à l’université.

Il s’agit d’un changement important, car l’éducation qui était à la base religieuse, bascule vers la laïcité en employant des gens qui n’ont pas de lien avec la religion. Ce changement est aussi important, car il marque la fin de la vocation enseignante. Je sens déjà les critiques face à cette phrase, mais permettez-moi d’expliquer.

À partir de ce moment, les enseignantes et les enseignants ne vivent plus seulement pour l’enseignement. Ils ont aussi des activités à l’extérieur du travail, mais le plus important, ils ont aussi une famille avec qui ils veulent passer du temps.

Le tout évoluera jusqu’à aujourd’hui où il y a un plus grand nombre d’hommes en éducation, mais surtout, où la femme pourra s’épanouir autant avec sa famille qu’au travail.

Où en sommes-nous maintenant?

Lorsque je regarde sur les réseaux sociaux les commentaires concernant la situation des enseignants, je me rends compte qu’une partie de la population s’attend encore à ce que nous soyons dévoués corps et âme dans l’enseignement.

Les gens s’attendent à ce que nous travaillions 50-60 heures par semaine, sans se plaindre et sans demander des améliorations, pour le bien-être et la réussite des élèves. Les gens nous rappellent sans cesse que nous avons deux mois de vacances l’été, deux semaines à Noël et la semaine de relâche.

Ils ne semblent pas comprendre que nos conditions de travail se détériorent depuis plusieurs années, comme par exemple le nombre d’élèves par classe qui augmente, le nombre de cas de difficultés d’apprentissage intégrés dans les classes régulières sans soutien, le nombre de comités et de réunions inutiles auxquels nous devons participer parce que notre temps libre sert à ça plutôt qu’à planifier et corriger.

Comprenez-moi bien, j’adore mon travail, mes élèves et mes collègues, mais il s’agit d’un travail. Ma famille restera toujours ma priorité, peu importe ce que les gens diront de moi.

-Sébastien Lunardi – Enseignant d’Univers social en secondaire I

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