32 heures par semaine
[paypal-donation]
Wow! Quel beau dimanche ensoleillé nous avons droit aujourd’hui en Abitibi-Témiscamingue, dans mon petit coin de pays nordique. Les feuilles multicolores commencent à tomber des arbres et les oiseaux débutent leur migration vers des cieux plus chauds par milliers. Une journée « d’automne » quasi parfaite.
Certains de mes voisins en profitent justement pour faire quelques travaux d’aménagement ou de rangement préhivernal sur leurs terrains. D’autres en ont profité pour sortir au grand air, à vélo, en randonnée pédestre ou avec une embarcation à moteur quelconque. Pourquoi ne pas en profiter, avec les températures froides et la neige qui est à nos portes ?
Alors en ce beau dimanche après-midi, je vous laisse donc deviner ce que le prof fait en ce moment? Mes collègues enseignants l’ont probablement tout de suite deviné. Il ne se la coule pas douce sur son hamac dans l’arrière-cour.
Roulement de tambour…
Il travaille. Il fait de la planification de cours pour la prochaine semaine, de la gestion de courriels, des recherches et des suivis de dossiers d’élèves… et ce bénévolement, car il a manqué de temps en semaine pour tout faire ce qui lui était demandé/exigé/recommandé.
Pour ceux qui ne sont pas familiers avec la prestation de travail obligatoire d’un enseignant, laissez-moi vous en faire un petit compte rendu. Le but n’est pas de nous prendre en pitié, mais plutôt pour vous expliquer concrètement la composition de nos semaines.
Voyez-vous, une semaine d’enseignant est de 32 heures par semaine, et non 40 comme la majorité des corps d’emplois. L’amplitude de ces 32 heures doit être réalisée 8 h et 17 h. Certains se disent peut-être « vous êtes chanceux vous ne travaillez que 6,4 heures par jour bande de chanceux ».
Cette somme englobe le temps d’enseignement (celui passé en classe), la tâche éducative (encadrement, aide aux devoirs, activités parascolaires, réunions avec les parents, etc.) et la tâche globale (correction, recherche, travail personnel, etc.). (Source : FSE)
Mais dans la réalité, AUCUN PROF NE TRAVAILLE QUE LES 32 HEURES PAR SEMAINES PRÉVUES. Il est tout simplement impossible de tout gérer ce qui est attendu de nous en aussi peu de temps. Ceux qui disent le contraire sont assez rares, ou simplement de mauvaise foi.
Nous avons donc 32 heures pour préparer nos cours, corriger, enseigner, rencontrer nos directions ou des intervenants et gérer mille et une situations imprévisibles qui peuvent se produire quand on travaille avec des jeunes.
32 heures: la solution du gouvernement du Québec
Selon la loi sur l’instruction publique du gouvernement du Québec, un enseignant est payé pour 32 heures de travail par semaine. Mais dans les faits, un enseignant travaille facilement plus de 40 heures par semaine. Si vous faites le calcul rapide, il y a un minimum de 8 heures semaines qui sont dès le départ du bénévolat.
J’écris minimum 8 heures, car la plupart d’entre nous ne comptent simplement plus leurs heures. Nous sommes des professionnels qui voulons être à notre meilleur pour nos élèves. Et pour donner notre meilleur, on a vraiment besoin de plus de 32 heures dans une semaine.
Et quelle est la solution proposée par le gouvernement Legault et son ministre Roberge ? D’augmenter notre tâche enseignante à 40 heures par semaine, mais en continuant à nous payer pour 32 heures ! On veut donc conventionner un minimum de 8 heures de bénévolat obligatoire par semaine.
Et les conséquences
Et on se demande ensuite pourquoi la profession n’est pas plus valorisée? On se demande pourquoi le monde de l’éducation est en crise? Que les profs tombent comme des mouches ? Que nous vivons la plus grande pénurie d’enseignants de l’histoire du Québec ?
Comme vous vous en doutez, ceux qui en paient le prix, ce sont toujours les élèves…
Mais on ne devrait pas s’en plaindre, car tsé, on est sensé avoir la « vocation » comme on nous dit toujours.
J’aurais ajouter un petit paragraphe à cet article:
Comme pour plusieurs métiers, la Covid-19 impose son lot de problèmes. Pour le corps enseignant, en plus des 32 heures qui n’étaient pas suffisantes en temps pré-Covid, il faut maintenant “gérer” les élèves qui sont “à distance”, en confinement préventif en attendant le résultat de leur test de dépistage. Ces élèves ont droit à un enseignement “comme s’ils étaient en classe”, donc c’est à nous enseignants de faire un suivi auprès de ces élèves en plus des autres que nous avons en classe, et ce, dans le cadre de nos 32 heures de travail. À défaut de répéter, le but n’est pas de se plaindre ou d’être pris en pitié, mais seulement vous énoncer que plusieurs d’entre nous travaillent 40-50h par semaine et nous sommes payés que pour 32 heures.
Tu n’as pas parlé des comités et des surveillances…
Votre article souligne bien le dépassement de tâche que nous vivons régulièrement. Cependant, vous confondez les heures assignées et celles payées. Nous nous sommes battus il y a plusieurs années pour être reconnus comme des travailleurs à temps plein, ce qui n’était pas le cas avant. Nous avons fait la démonstration au gouvernement que nous faisions nos 40 heures semaine et notre salaire annuel a été ajusté en ce sens. Cependant, en échange de cette reconnaissance, nous avons accepté d’avoir 32 heures assignées à l’école. Le reste de nos heures, nous pouvons les faire où et quand nous le voulons. C’est pour cette raison qu’une assignation de 40 heures représente un recul. Nous avons vraiment besoin de ces heures pour compléter notre tâche et je suis d’accord avec vous que nous dépassons régulièrement le 40 heures semaine.