Les ados négligés du ministre Roberge
Après des semaines de « vacances » pour les profs et les élèves, comme le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge l’a exprimé, les écoles primaires ont été en mesure de rouvrir leurs portes en début de semaine. Et ce avec des mesures de distanciations et une réorganisation complète des écoles.
Le tout en grande partie grâce au travail colossal des gestionnaires et des directions d’écoles qui ont dû jongler avec tout un casse-tête, afin de permettre un retour des élèves pour les 6 dernières semaines d’écoles. Sans oublier également la collaboration des enseignantes, des éducatrices et tous les membres du personnel de soutien qui font des pieds et des mains pour créer un semblant de normalité dans la vie de ses enfants. Je ne peux que vous lever mon chapeau en signe de respect chers collègues !
Pendant ce temps, au secondaire…
Par contre, pendant ce temps, cela fait exactement 2 mois que les écoles secondaires du Québec ont aussi été fermées. Les profs et les élèves du secondaire aussi étaient en « vacances » pendant cette période. Mais le ministre Roberge a entretenu un flou insupportable pour ces jeunes, ainsi que pour le personnel enseignant. Les consignes ont été, au fur et à mesure que le confinement avançait, de plus en plus contradictoires.
D’abord, au début, tout le monde était en vacances sans aucune responsabilité. Par la suite, le ministre a instauré des trousses éducatives facultatives, pour permettre aux parents de faire l’école à la maison. S’en est suivi un autre revirement du ministre. Cette fois-ci, les enseignants devaient favoriser la consolidation des acquis de leurs élèves. Ils devaient donc fournir des travaux aux jeunes, en ciblant ceux en difficulté.
Et pour finir, cette semaine, avec l’imposition d’un retour en classe virtuelle complet et obligatoire pour tous. Et ce, contrairement à tout ce qu’on a dit durant les 2 derniers mois. Les élèves du secondaire ont l’obligation de faire de l’école à distance, même si rien ne sera évalué.
Comme vous pouvez le constater, plusieurs changements décisionnels ont eu lieu durant les deux derniers mois de confinement. Il en a tellement eu, que c’est difficile pour les parents, les élèves, et même les profs de s’y retrouver. Et ce sont les profs qu’on traité de lâches par une partie de la population durant tout ce temps, quand on ne faisait qu’obéir aux consignes pas très claires du ministre…
Des consignes qui ne semblent pas avoir été comprises
Depuis lundi, j’ai dû répondre à des dizaines de courriels de parents et d’élèves, qui ne comprenaient pas pourquoi tout à coup l’école était de nouveau obligatoire au secondaire. Surtout quand on leur a dit pendant des semaines que les élèves allaient être évalués sur leurs 2 premières étapes, et que la 3e étape était annulée. Pourquoi être obligés de retourner à « l’école », si rien n’est évalué de toute façon ? C’est une question très légitime, à laquelle je n’ai pas vraiment de réponse à donner.
Personne ne semble trop au courant de ce qui se passe avec les écoles secondaires. Le ministre a tellement changé souvent d’idée, qu’il en a fait perdre l’intérêt à plusieurs. Nous les avons négligés et abandonnés pendant aussi longtemps, il est normal que la majorité d’entre eux aient décidé de se trouver vers le travail à temps plein.
Les irresponsables
Et maintenant ? Le ministre Roberge les traites « irresponsables » de travailler et d’aider la société face à cette pandémie, plutôt que d’assister à leurs classes en ligne. M. Roberge, ils ont été dans un flou pendant près de 2 mois. Négligés et devant se sentir abandonnés par le système, plusieurs décident tout de même de s’investir dans un emploi, souvent dans le domaine du service à la clientèle, un emploi d’une importance capitale en cette période de pandémie.
M. Roberge, faites confiance à ces jeunes. Ils sont capables de travailler et de compléter ce qu’on leur donnera comme cours à la maison. Ils le font déjà en temps normal. Mais la prochaine fois, si vous voulez éviter ce genre de situation, soyez conséquent dans vos décisions. On ne peut critiquer l’attitude de ces jeunes-là, quand on les a laissés pour compte pendant aussi longtemps.
Concentrons-nous donc plutôt sur la rentrée de septembre prochain, car on sait tous que l’année 2020 au secondaire est terminée, peu importe ce que vous en dites…
Sources :
Ce qui a motivé la décision du ministre de l’éducation de ne pas retourner les ados à l’école, c’est un manque de personnel. Lorsque tu partages un groupe de 30 élèves en 2, il te faut le double de ressources professorales. Comme ces ressources étaient introuvables, il a choisi cette issue. J’aurais aimé qu’il explique aux parents le vrai motif de sa décision. Les défis demeurent très grands pour le retour scolaire de septembre.