conflit israélo-palestinien
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Jacob et Nathan (Une métaphore du conflit israélo-palestinien)

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** Ce texte sur le conflit israélo-palestinien est une collaboration de M. François-Olivier Loignon, enseignant au secondaire.**

Situation de gestion de classe classique pour un enseignant au secondaire : les élèves sont divisés en petits groupes pour un travail d’équipe.

Dans cette classe se trouve Nathan. Nathan est un élève provocateur qui est très sournois et qui aime provoquer les autres pour les faire réagir.

Aujourd’hui, il a choisi Jacob comme cible, un élève sportif au caractère bouillant. Nathan ne cesse de provoquer Jacob à votre insu. Il lui envoi des pointes, et lui lance des bouts de papiers, ce qui le dérange.

Arrive alors ce qui doit arriver : Jacob pète les plombs. Il se met à engueuler Nathan en le menaçant physiquement et s’attaque au projet de son équipe. Ses coéquipiers décident même de vouloir s’en mêler et encourager Jacob à régler le compte de Nathan.

Comment réagissez-vous?

Si comme moi, vous avez appris à gérer la classe en contrôlant d’abord l’élément qui perturbe le plus la classe, vous allez vous occuper de calmer Jacob et ses amis d’abord et intervenir auprès de ceux-ci. Bien sûr, Nathan a provoqué la situation et il a une attitude toxique pour le groupe, mais votre priorité sera tout de même de gérer ce qui perturbe le plus la classe, c’est-à-dire la colère de Jacob.

Maintenant, changez le nom de Nathan pour Hamas et celui de Jacob pour Israël. La situation vient de prendre une autre signification, non?

Le conflit israélo palestinien

Avant d’aller plus loin dans mon analogie, laissez-moi tout de suite souligner que je sais pertinemment que le conflit israélo-palestinien est beaucoup plus complexe qu’une situation de gestion de classe. Je n’ai pas l’intention non plus d’étudier toute l’histoire de ce conflit dans ce texte.

Je veux simplement essayer de vulgariser la situation récente en observant le conflit avec les lunettes qui me sont les plus familières : celles du prof.

Bien sûr, comme Nathan dans notre situation, le Hamas est un agent provocateur (voir ici terroriste). Le Hamas est une organisation parasite qui se nourrit de la haine envers Israël et cherche à profiter politiquement de la misère du peuple palestinien qui découle des sanctions d’Israël.

Mais comme avec Jacob, qui est plus fort et qui a le soutien de ses coéquipiers, les forces sont démesurément inégales. Israël a le soutien de plusieurs pays occidentaux qui lui fournissent des fonds et des armes. Israël a un dôme anti-missiles qui rend les projectiles du Hamas peu dommageables. De plus, Israël a la force militaire la plus puissante de la région.

Alors bien sûr il faut dénoncer le Hamas et ses actions terroristes, mais il est normal de s’indigner de la réaction disproportionnée d’Israël.

Vient alors un autre élément de notre situation de gestion de classe du départ : l’équipe de Nathan qu’on peut appeler Gaza et le reste de la classe qu’on peut appeler Palestine.

Comme l’équipe de Nathan qui voit son projet saboter par le conflit, c’est la population civile de Gaza qui endure les réponses militaires disproportionnées d’Israël. C’est cette population qui souffre lorsque Israël réduit un hôpital ou un édifice de presse en cendres. Cette même population qui endure les morts, la misère et la destruction que connaît ce territoire aux conditions inhumaines.

Vous savez qui en profite?

Le Hamas, qui se servira de cette misère pour gagner l’appui de la population civile. (Sans parler de Netanyahu, dont la situation vient appuyer son narratif belliqueux).

Et sans l’approuver, la tendance des Palestiniens de Gaza à se tourner vers le Hamas est facile à expliquer. Après plusieurs générations, ils voient les processus de paix et les discussions censées améliorer leur sort échouer. Ils voient une droite nationaliste garder les rênes d’Israël et exacerber la colonisation des leurs territoires devant le silence complice de la communauté internationale. Ils voient Gaza vivre dans la misère… sous l’administration même de leur oppresseur.

Comment réagiriez-vous à la place des coéquipiers de Nathan si Jacob détruisait le projet de toute votre équipe pour se venger de Nathan?

Ce qui m’amène à penser qu’il faudrait probablement gérer Jacob d’abord puis Nathan ensuite, afin de ne pas pourrir le climat de la classe. Mais par-dessus-tout, ne pas rester silencieux devant ce genre de situation, comme tout enseignant ne pourrait se le permettre.

Parce que comme l’a dit Edmund Burke : « The only thing necessary for the triumph of evil is for good men to do nothing.”

François-Olivier Loignon

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