Héma-Québec: L’homophobie dans les règlements
** Ce texte sur l’interdiction du don de sang pour les homosexuels chez Héma-Québec est une collaboration de M. François-Olivier Loignon, enseignant au secondaire.**
Depuis quelques mois, Héma-Québec fait une campagne de promotion pour le don de
sang sur les réseaux sociaux.
Bien sûr, étant un homme ayant eu une relation sexuelle avec un autre homme, je suis exclu de la possibilité de donner du sang.
Durant la même période, on apprenait que le Royaume-Uni
allait abolir cette discrimination.1
Je me suis donc fait un point d’honneur de souligner cette restriction à Héma-Québec
sur leurs différentes publications de promotion. Bien que j’ai dû me buter au silence de
l’organisme (avant d’être bloqué par l’organisme), j’ai quelques fois eu droit à quelques
réponses « cassettes » que j’aimerais aborder dans cet article.
Tout d’abord, Héma-Québec nous réfère à différentes statistiques concernant le taux
d’infection du VIH chez les homosexuels de l’INSPQ2 et de Santé-Canada3. Pour
répondre plus scientifiquement à cet argument, je vous recommande fortement la
lecture de l’article « La discrimination dans le sang ».4
Mon problème avec cet argument concerne l’aspect logique. Faisons un simple exercice
de logique : qu’est-ce qui contribue à la propagation du VIH? Les relations
homosexuelles en tant que telles ou les relations sexuelles non-protégées. On sait tous
que c’est le deuxième choix.
Ces pratiques sont plus répandues chez les homosexuels?
Peut-être.
Mais ça ne fait que prouver une corrélation entre l’homosexualité et la propagation du VIH, pas une
causalité. Alors si ce sont les relations sexuelles non-protégées qui augmentent le risque
de propagation du VIH, il est illogique (et discriminatoire) de baser le règlement sur
l’orientation sexuelle d’une relation.
Simple comme ça.
Ensuite, Héma-Québec s’enorgueillit d’avoir offert 3 assouplissements en 10 ans au
règlement, passant d’une interdiction du don de sang pour les hommes ayant eu une
relation avec un autre homme.
Malheureusement, cela ne diminue pas l’aspect discriminatoire du règlement. Diminuer une homophobie ne l’efface pas et il est même honteux de prendre fierté à reconnaître indirectement son homophobie de cette façon.
Lorsqu’on mentionne le cas du Royaume-Uni, qui changera son règlement pour cibler
les pratiques sexuelles dangereuses plutôt que l’orientation sexuelle de celle-ci, Héma-Québec nous indique que « des recherches sont en cours » et que « l’avenue est envisagée ».
Enfin, Héma-Québec se retranche dans son dernier argument : ça ne relève pas d’eux
mais de Santé-Canada.
Bien que ce bien le cas, ce « passage de singe » ne change pas le fait qu’Héma-Québec ne fasse rien contre ce règlement et s’en complait. Rien n’empêche la société d’État de se prononcer contre le règlement, même si elle doit l’appliquer.
Mais le silence d’Héma-Québec est criant de complicité.
Il y a une citation de MLK que je chéris qui décrit bien la situation : « In the End, we will
not remember the words of our ennemies, but the silence of our friends. »
Si donner est bien dans le sang d’Héma-Québec, triste est de constater que l’homophobie, quant à elle, est bel et bien dans son règlement.
Mise à jour : depuis la rédaction de cet article en janvier 2021, Héma-Québec a bloqué
l’auteur de toutes ses pages Facebook pour l’empêcher de dénoncer ce règlement.
Sources:
1 https://www.npr.org/2020/12/14/946326432/u-k-will-make-it-easier-for-gay-and-bisexual-men-todonate-blood
2 https://www.inspq.qc.ca/publications/2706
3 https://www.canada.ca/content/dam/phac-aspc/documents/services/publications/diseasesconditions/
hiv-factsheet/HIVinCanada_2018SurveillanceHighlights_Final_15November2019-FR.pdf
4 https://jonathanleprof.com/blogue/lgbtq-la-discrimination-dans-le-sang-hemaquebec/?
fbclid=IwAR08hiSlE8FjoXQZc-dGysZXflLxToeeRQatjE6iiMf8K_A6JMZxs3R8IjA