Élections fédérales 2021 : choisir le moindre mal
Devenez supporteur de Jonathan le Prof
Pour d’autres éditoriaux, cliquez ici.
La campagne électorale tire (enfin) à sa fin.
Ces satanées élections que personne ne semblait vouloir au Canada, sauf le premier ministre.
Une campagne beige, sans passion ou énergie, sans réel projet de société ou de message rassembleur, en cette période difficile au pays depuis 18 mois.
On vit quand même l’événement historique (la pandémie) le plus marquant depuis le 11 septembre 2001, à mon humble avis.
Mais malgré tout nous y sommes.
Lundi soir (ou au courant de la semaine selon le vote postal), nous saurons si le premier ministre Justin Trudeau a gagné son pari. Celui d’obtenir un mandat majoritaire, lui assurant les pleins pouvoirs pour les 4 prochaines années.
Justin a débuté cette campagne avec un excès de confiance, lui qui était grandement favori dans les sondages.
Ou bien si son principal opposant, le Conservateur Erin O’Toole, va réussir à concrétiser sa remontée, lui qui était très en retard dans les sondages au déclenchement de la campagne électorale.
Et cette remontée n’est clairement pas due à son charisme ou ses idées.
M. O’Toole a été, comme je l’imaginais, terne et très traditionnel. Il est dans la lignée de son mentor, l’ancien Premier ministre Stephen Harper. C’est un style qui plait à un certain électorat. Et c’est aussi un style qui « clash » avec celui de Justin Trudeau.
Surtout quand on sait que M. O’Toole est plus jeune que M. Trudeau…
Et il faut être honnête, les Conservateurs ont remonté dans les sondages simplement parce que les gens en ont voulu à Justin Trudeau de déclencher une élection en ce moment. Leurs idées n’ont pas changé.
L’histoire se répètera encore une fois
J’aimerais bien vous dire que ce sera une course à 3 ou 4, mais l’histoire du Canada est aussi prévisible que cette campagne. Depuis la Confédération canadienne, soit plus de 150 ans, nous avons toujours été dirigés par une alternance entre les Conservateurs et les Libéraux.
Sinon, le premier parti à avoir réussi à déstabiliser les 2 partis traditionnels a été le Bloc Québécois en 1993. Avec 54 députés, ils avaient réussi contre toute attente à devenir l’opposition officielle du gouvernement canadien.
Un parti souverainiste qui est l’opposition au gouvernement du Canada, l’ironie de la chose est encore délectable 30 ans plus tard.
Mais le Bloc Québécois actuel n’est plus l’ombre de celui de 1993.
Le contexte politique aussi.
Je ne crois pas qu’il soit possible dans le contexte actuel que le Bloc retrouve cet élan post-référendum.
Surtout que le Bloc Québécois devait être un parti temporaire, aux dires de Lucien Bouchard.
Est-ce que le Bloc est toujours pertinent 2021 ?
Je vous laisse répondre à cette question…
Chose certaine, jamais un tiers parti n’a réussi à venir menacer sérieusement les deux dinosaures de la politique fédérale.
Oui, Jack Layton avait réussi un excellent score en 2011. Mais le cancer s’est assuré de ne pas lui donner la chance de faire mieux la prochaine fois. #FuckCancer
C’est à mon avis le plus gros « what if » de l’histoire moderne du Canada.
Que serait-il arrivé si M. Layton avait encore été des nôtres après la fameuse vague orange. Est-ce que l’éternelle alternance entre les Bleus et les Rouges aurait pu être finalement déraillé par l’Orange ?
Jagmeet Singh fait un travail honnête. Il réussira peut-être même à faire sortir le vote des 18-34 ans, qui sont habituellement ceux qui votent le moins.
Mais les chiffres montrent qu’il a fait du sur place durant toute la campagne au niveau des intentions de vote.
Et le système politique uninominal à 1 tour n’aide en rien la cause du Nouveau Parti Démocratique. L’éternel # 3 de la politique canadienne.
Le plus déprimant est que malgré l’urgence climatique, le Parti Vert a été complètement absent de la campagne. Mme Paul risque de faire reculer le parti de 20 ans dans le résultat du vote.
Son leadership a été contesté dès le départ. Ses prises de position ont aussi fait beaucoup réagir.
Il faut être honnête, un Parti Vert qui ne parle pas d’environnement, c’est du suicide politique. Ça montre aussi qu’ils ne pourront sans doute jamais devenir une véritable alternative aux vieux partis.
La montée du populiste d’extrême droite de Mad Max Bernier et de son parti est à mon avis la plus triste surprise de cette élection. Il est celui qui a eu la plus grosse progression au Canada en triplant ses appuis, principalement dans l’ouest.
Mais au final, il risque surtout de faire très mal au Parti Conservateur et M. O’Toole.
C’est tout de même ironique qu’un vote pour Bernier risque fort bien de faire réélire le Parti Libéral en divisant le vote de droite. Perturbant, mais qui c’est sans doute l’un des plus gros facteurs dans le résultat de l’élection à mon avis.
Choisir le moindre mal dans les élections
Ce qui m’amène à une réflexion après ces 5 semaines à me demander pour qui j’allais voter. Je vais être 100 % honnête, à moins de 48 h du vote, je ne sais toujours pas où ira mon X.
Si vous êtes des indécis comme moi, vous cherchez à faire le choix le plus éclairé possible.
Celui qui représente le plus vos valeurs et qui aura le plus d’impact sur les enjeux qui vous touchent. On ne peut pas choisir le meilleur des mondes.
Ce choix n’existe pas.
Il faut plutôt choisir le moindre mal.
Qu’est-ce que le moindre mal ?
C’est l’idée que face à la sélection de diverses options, voire ici un parti politique, la moins pire de ces alternatives doit être choisie. Votre choix peut être pour un des 2 partis qui ont une chance de gagner les élections, si vous croyez que c’est le moindre mal à vos yeux.
Vous pouvez aussi voter pour un tiers parti, si vous pensez que ce vote peut aider un meilleur débat d’idée au parlement canadien.
Même si les chances que votre vote soit « gaspillé », c’est un moindre mal que de respecter ses convictions.
La loi du moins pire.
Déprimant n’est-ce pas ?
Par contre, ce choix vous appartient.
Alors bonne réflexion, bon vote et bonne soirée électorale à tous !
– Jonathan St-Pierre, dit le Prof