Le français, la grande richesse de notre belle province
Deviens supporteur de Jonathan le Prof
** Ce texte sur l’état du Français au Québec est une collaboration de M. Alex Pelletier, étudiant au Baccalauréat en enseignement du français au secondaire **
Une partenaire de jeux vidéo prévoit de déménager au Québec une fois la pandémie derrière nous. Elle m’a dit, je cite : « J’aimerais trop y aller un jour, juste pour goûter à la poutine et pour voir les différences entre nos deux pays ».
C’est vrai que le Québec détient une culture qui lui est propre. La richesse de notre patrimoine s’observe au travers de notre gastronomie, entre autres, mais aussi au travers de notre musique, de nos paysages, de notre architecture historique et de notre diversité culturelle.
Bien que ces éléments reflètent de la beauté de la province à la fleur de lys, ce n’est pas la principale raison de mon appartenance à cet endroit.
La langue de Molière
Le Québec est l’un des rares endroits en Amérique du Nord où le français est la langue de la communauté. Cette unicité offre un certain charme à mon « chez moi ». Je suis particulièrement honoré de pouvoir discuter et écrire en français. Est-ce pour cela que j’étudie en enseignement du français ? Peut-être.
Toutefois, cet héritage se perd tranquillement.
L’anglais étant la langue universelle, elle prédomine dans le monde et prend de l’ampleur au Québec. Je n’ai rien contre cette langue, puisque le monde du jeu vidéo est constitué d’anglophones en grande partie et que j’écoute une partie de ma musique en anglais. En revanche, je trouve dommage qu’une partie de notre histoire disparaisse comme cela.
Un bref retour en arrière
Pour faire court, le territoire québécois a été, à l’origine, colonisé par les Français. Tout se déroulait en français : les affaires publiques, le commerce et la vie judiciaire. Nous avons conservé l’usage de cette langue depuis la colonisation, même après la Conquête.
À partir de 1763 environ, le territoire de la Nouvelle-France passe aux mains des anglophones et ceux-ci signent la Proclamation royale. Ce traité stipule que la Province of Québec devient une colonie anglaise, avec la langue, les lois et les coutumes de la nouvelle métropole.
À mesure que les années s’écoulent, des traités donnant davantage de libertés concernant la langue française ont été signés, dont l’Acte de Québec de 1774 qui accorde le droit aux Canadiens français d’utiliser leur langue dans la pratique du droit civil et de leur religion.
Bien que le français soit désormais reconnu pendant plusieurs décennies, l’Acte d’union de 1840 supprime l’usage de la langue et confirme l’anglais comme unique langue officielle. Puis, cet acte est aboli en 1848, avant de laisser place à l’Acte de l’Amérique du Nord britannique de 1867, qui place le français comme langue officielle au même titre que l’anglais.
Et aujourd’hui ?
Aujourd’hui, je dirais que c’est la continuité naturelle de ce qui a commencé dans les années soixante. Nous avons reçu l’Exposition 67 en 1967 qui, en plus de promouvoir la culture québécoise et canadienne aux autres pays, a remis la langue française sur la scène internationale.
De façon plus générale, la Révolution tranquille au Québec a servi, entre autres, à promouvoir cette langue dans notre province, au travers de la poésie et du joual. Résultat : le gouvernement vote la loi 63 en 1967, servant à promouvoir la langue française au Québec. Puis, on adopte la Charte de la langue française à l’Assemblée nationale en 1977, pour reconnaitre cette langue comme langue d’État.
L’influence américaine
Nos voisins directs sont les États-Unis. Que retrouve-t-on dans ce pays ? Je vous donne un indice : une très grande (pour ne pas dire une quasi-totalité) d’anglophones. Je ne vous apprends rien en mentionnant que les États-Unis exercent une très forte influence partout dans le monde : les films, la gastronomie, le rêve américain, etc.
Prenons les films pour illustrer mon point. Ceux produits dans ce pays sont, selon plusieurs personnes, les meilleures productions de ce genre. Plusieurs acteurs célèbres jouent dans les œuvres cinématographiques de nos voisins du Sud.
Mais où vais-je avec mes explications ? C’est simple : nous voulons copier. Comme dirait Spinoza : « Le désir est l’essence même de l’homme, c’est-à-dire l’effort par lequel l’homme s’efforce de persévérer dans son être ».
L’homme n’est attiré que par le désir de bien paraître aux yeux des autres.
Nous copions les styles de films des productions américaines, nous copions leur gastronomie, nous copions leur culture, leur mode de vie et même leur langue. Je me demande combien de jeunes adultes parlent en anglais pour réussir dans la vie.
Je ne critique pas la culture américaine. Toutefois, je trouve déplorable que les sociétés s’approprient les coutumes d’un pays pour mieux réussir leurs réalisations, au détriment de leur histoire. Nous nous sommes battus pour conserver notre langue.
Aujourd’hui, allons-nous abandonner notre combat pour laisser place à la culture universelle américaine ?
L’anglais est-il trop ancré pour imposer le français au Québec ?
Honnêtement, il y a une nuance à faire. L’anglais est très présent au Québec, mais il ne domine pas. Et même, je ne dis pas non à une société plurilingue. Au contraire, l’ouverture sur le monde est une très grande qualité (notez que je ne suis pas contre le plurilinguisme, mais contre l’abandon de notre histoire pour une autre culture).
Que peut-on faire pour renforcer le français au Québec sans éliminer l’anglais ?
Je dirais que tout commence par l’éducation. Donnons des moyens aux gens d’apprendre notre langue historique. Par la mise en place de cours de francisation ou par un programme d’immersion francophone offert aux communautés anglophones et aux immigrants.
De cette façon, nous protégeons notre langue tout en la promouvant dans les milieux allophones ou anglophones.
L’objectif est de montrer l’utilité du français dans la vie courante. Lorsqu’on intègre le marché du travail, par exemple, la connaissance du français s’avère relativement importante afin de communiquer avec la clientèle ou avec ses collègues. Il est donc important de maitriser la base du français pour communiquer avec son entourage et avec des inconnus.
Si on pense à l’immigration, cette étape peut être très difficile pour plusieurs arrivants. En offrant des cours de francisation aux nouveaux arrivants, on ouvre la porte à la formation de groupes d’entraide aux immigrants. Ainsi, en plus de rendre accessible le français à une population plus large, on facilite leur intégration. Comme on le dit, on fait d’une pierre deux coups.
Aussi, je pense que d’amener le français sur une scène plus large pourrait rendre notre héritage plus attirant. Pour donner un exemple, on pourrait encourager les gens à consommer des productions artistiques québécoises, comme de la musique, des films québécois ou des livres québécois.
Non seulement l’éducation est importante, mais le maintien de notre culture l’est tout autant.
Promouvoir notre actif culturel revient à mettre de l’avant notre langue bien aimée.
Et à la rigueur, si on veut faciliter l’intégration tout en ouvrant des portes à l’apprentissage du français, il est toujours possible de proposer des traductions d’œuvres provenant de pays étrangers, ou bien de suggérer des artistes ou des auteurs québécois issus du milieu de l’immigration.
Finalement, ce que je propose simplement, c’est de rendre accessible et prioritaire le français au Québec pour tous ceux qui le désirent, sans pour autant dénigrer les anglophones et les allophones qui cohabitent avec nous.
D’un futur enseignant de français,
Alex Pelletier
Pour votre information, les cours de francisation pour les immigrants et d’immersion pour les personnes anglophones existent déjà et sont très populaires au Québec! Je suis moi-même enseignante de français langue seconde et je vous garantis que mes jeunes élèves immigrants maitrisent le français assez rapidement et contribueront amplement à leur société d’accueil.