La taxe Robin des bois
(image: David Reed / Pixabay)
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** Ce texte sur la taxe Robin des bois est une collaboration de Mme Josée Prévost, professeure au département d’Éducation de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Elle a également enseigné l’histoire pendant plus de 20 ans au Centre de services scolaire du Lac Témiscamingue. **
Qui n’a pas entendu parler de Robin des bois? Ce sympathique personnage personnifié par un fin renard, volant les percepteurs d’impôts pour redistribuer sa cagnotte aux nécessiteux. Et bien, avec les mois qui passent et une pandémie mondiale qui nous donne son lot de mystères, plusieurs citoyens anticipent ce que l’avenir leur réserve.
Des commerces ferment leurs portes, des récoltes sont gaspillées dans les champs faute de travailleurs agricoles, de nombreux emplois sont perdus et l’inquiétude monte chez la population. Ainsi, malgré les efforts mis de l’avant par les gouvernements, beaucoup se doutent bien que cette aide demeure ponctuelle et aura un prix.
Conséquemment, les gens craignent une hausse des impôts et des taxes dans un avenir rapproché. À la lumière des dernières années, ils se méfient également du gouvernement et s’attendent à ce que le nombre et la qualité des services offerts par ce dernier diminuent. Alors, existe-t-il des solutions? Ne serait-il pas rassurant que Robin rôde dans les parages?
Un petit retour dans le temps
Mais d’abord, poursuivons avec un aperçu pré-COVID-19. En 2018-2019, l’État canadien a connu un déficit budgétaire de 14 milliards. Cette situation, sans surprise, a été causée par le fait que ses dépenses dépassaient celles de ses revenus. Nous savons que les gouvernements tirent leur financement essentiellement des impôts, des taxes et des sociétés d’État.
Par exemple, au Québec en 2019, Hydro-Québec a versé plus de quatre milliards au gouvernement québécois. Cette somme accumulée l’est essentiellement grâce aux utilisateurs d’électricité, dois-je vous le rappeler.
Ceci étant dit, comment pouvons-nous espérer payer cette dette accumulée au fil des déficits? Est-ce que le Canadien moyen a les poches assez profondes pour qu’on lui en retire davantage? Est-il prêt à accepter une baisse des services et de les payer si le besoin se présente?
Naturellement, les gens se disent, tournons-nous vers les mieux nantis, qu’ils payent davantage d’impôts et le tour sera joué! Toutefois, avec les mesures légales instaurées par les gouvernements à travers le monde, plusieurs entreprises et gens fortunés profitent des paradis fiscaux.
Juste en 2019, 26 milliards de dollars auraient été hébergés à l’extérieur du pays dans ces lieux où ces sommes sont bien dissimulées. Notamment, si notre gouvernement avait eu accès à cette somme, nous n’en serions pas à discuter du voleur de la forêt de Sherwood!
Une solution simple: La taxe Robin des bois
Alors, comment le gouvernement pourrait-il augmenter ses revenus? Parmi les solutions présentées, il y la taxe Robin des bois. En fait, en 1972, dans le même sens que le conte populaire, un économiste du nom de James Tobin proposa qu’on taxe toutes les transactions financières des entreprises qui font de la spéculation financière (banques, ventes, bourses, etc.) et qu’on se serve de la somme amassée afin de payer les services aux populations tels l’éducation, la santé, etc.
Ainsi naquit la taxe Tobin aussi appelée la Taxe Robin des bois. Cette idée fut reprise par des organisations non gouvernementales (ONG) qui y virent une façon de pouvoir redistribuer plus équitablement les richesses. Le monde financier s’y opposa, ces mêmes qui profitent grandement des profits engendrés par ses pratiques économiques.
Il y mit tout son poids et son influence pour empêcher qu’une telle réglementation s’instaure dans les pays. Cela n’empêcha pas un mouvement mondial de mettre de la pression sur les gouvernements afin qu’ils instaurent une telle pratique.
À ce jour, au Canada, le gouvernement n’a pas mis en place cette taxe même si en 2010, le parti Vert y présenta une motion afin que les banques paient 0,05% de taxes sur leurs transactions. Cette demande est appuyée par différentes ONG telles OXFAM, UNICEF, VISION MONDIALE, etc.
Une taxe qui se fait attendre
Malgré le fait que la demande n’ait pas été acceptée, les ONG persévèrent et continuent de demander l’instauration d’une telle politique. Soyons réalistes, la tâche n’est pas simple, car les transactions étant internationales, les pays devraient s’entendre pour légiférer en ce sens.
De plus, le royaume de la finance fera tout en son pouvoir pour éviter de payer cette taxe, prétextant que cela risquerait, à tort ou à raison, d’engendrer des irrégularités et des difficultés dans le système économique mondial.
Alors, que va faire notre gouvernement dans les prochaines années? De quelles façons parviendra-t-il à offrir à ses citoyens des standards de qualité de vie pour ceux-ci?
Qui payera la note? Est-ce que les citoyens devront payer davantage tant par leurs taxes que par leurs impôts? Pensez-vous que l’écart s’accentuera entre les mieux nantis et les citoyens moyens? Croyez-vous que le Canada se dirige vers une libéralisation accentuée des services? Avons-nous besoin de Robin finalement?
Bonne réflexion!
Josée Prévost
Sources:
https://www.quebec.attac.org/?fbclid=IwAR1TtyLGEs4fCSYmWtcmuYBtD5TnVeBqgh9hL9sv7_hsI5R1yncTTDXZWDk
https://pixabay.com/fr/photos/robin-des-bois-prise-de-vue-4562123/