Léo Major : la folle histoire du « Rambo québécois »
Il est sans doute le plus grand soldat de l’histoire du Québec (et du Canada).
On apprenait d’ailleurs la semaine dernière, pour le jour du Souvenir, que la route qui mène à la base militaire de Valcartier, près de Québec, serait nommée en son honneur.
Son histoire est tellement incroyable, qu’elle semble tout droit sortie d’un film. Il est bordé de médailles de bravoure de la 2e Guerre mondiale et de la Guerre de Corée.
Surnommé le One Eyed-Ghost (le Fantôme Borgne) ou même le « Rambo québécois », sa liste d’exploits et de réalisations est complètement folle.
Tellement, qu’on pourrait croire que le tout a été inventé. Mais non, les preuves, les récits et les témoins sont là pour confirmer le tout.
C’est un véritable héros à Zwolle, l’une des plus grandes villes des Pays-Bas. La principale autoroute de la ville y porte d’ailleurs son nom, en plus d’un parc avec une statue à son effigie.
Pourtant, il est presque méconnu ici dans sa terre natale.
Son nom ?
LÉO MAJOR.
Un nom à ne plus oublier.
Un parcours hors du commun.
Léo avait 19 ans lorsqu’il s’est enrôlé dans l’Armée canadienne en 1940. Il a débarqué sur les plages de Normandie avec le Régiment de la Chaudière, le 6 juin 1944.
Major a réussi seul à s’emparer d’un blindé allemand. Il a ensuite torpillé un bunker et pris six prisonniers. Quelques jours plus tard, il est tombé sur une patrouille S.S. de quatre hommes. Il a remporté le combat. Par contre, une grenade au phosphore lui a fait perdre son œil gauche.
Cela ne l’empêchera pas d’accomplir de nombreux exploits dans les mois à venir.
Il prend ensuite part à la bataille de l’Escaut à l’automne 1944. Malgré une grave blessure à la moelle épinière, aux côtes et aux chevilles, il réussit tout de même à capturer près d’une centaine de nazis. Pour cet exploit, on veut lui remettre la Distinguised Conduct Medal (DCM).
Mais il la refuse parce qu’il considère que le Général Montgomery, qui devait lui remettre cette médaille, est un incompétent.
Alors que n’importe qui aurait terminé son parcours militaire après une telle blessure, Léo décide de se sauver de l’hôpital où il était traité. Il retourne auprès de son régiment à l’approche de la ville Zwolle aux Pays-Bas.
La libération de Zwolle… à lui seul.
Zwolle était à l’époque une ville d’environ 50 000 habitants sous le contrôle des nazis.
Dans la nuit du 13 avril 1945, Léo se porte volontaire avec son ami Willie Arsenault pour mener une mission de reconnaissance. Malheureusement, Arsenault meurt pendant l’opération, tombant sous les balles allemandes.
Furieux et sous le coup de l’émotion d’avoir perdu son meilleur ami, Léo à l’idée folle de se lancer seul à l’assaut de la ville de Zwolle, occupé par de nombreux soldats nazis.
Il réussit rapidement à capturer l’un de ces soldats SS. Léo lui fait ensuite croire à une attaque imminente des Forces armées canadiennes. Il le laisse ensuite partir pour qu’il alerte les membres de son régiment.
Durant ce temps, seulement armé d’une mitraillette et de quelques grenades, il a réussi à terroriser les occupants allemands en agissant comme un fantôme dans la nuit.
Il tire de nombreuses grenades et coups de feu en se promenant dans la noirceur de la ville.
Son attaque fut si puissante et effrayante que les Allemands se sont crus attaqués par l’Armée canadienne au complet. Ils ont tous quitté Zwolle durant la nuit.
En fin de matinée, la ville était libérée.
Suite à cet exploit hors de l’ordinaire, il est aujourd’hui un héros national dans la ville hollandaise, où sont organisées des activités commémoratives en son honneur toutes les années depuis la libération.
Mais ce n’est pas tout…
Il continue ensuite sa carrière militaire durant la Guerre de Corée en 1950.
Durant ce conflit, Major et une vingtaine de frères d’armes maintiennent une colline stratégique durant trois jours, malgré les attaques répétées de milliers de soldats chinois.
L’endroit en question, la colline 355, est une position clé pour la défense de l’armée américaine. Ils doivent l’abandonner pour battre en retraite, laissant derrière eux beaucoup de matériel militaire.
Quelques jours plus tard, Léo et 18 de ses hommes reprennent la colline. La Chine envoie deux divisions, totalisant 14 000 hommes, pour la reprendre au petit groupe de Major. Ce sera sans succès.
Contre toute attente, Léo et ses troupes tiennent la colline pendant trois jours d’assaut constant des Chinois, avant d’être remplacés par d’autres troupes canadiennes venues en renfort.
Un des soldats est blessé et c’est Léo lui-même qui le redescend de la colline sur son dos.
Il a donc repris et gardé une colline avec moins de 20 hommes face à 14 000 soldats chinois, alors que 10 000 Américains n’avaient pas réussi à le faire.
D’ailleurs, Léo Major est d’ailleurs le seul Canadien à avoir reçu la Médaille de conduite distinguée à deux occasions dans deux guerres différentes : la Deuxième Guerre mondiale et la Guerre de Corée (sans compter celle qu’il a aussi refusée).
Malgré cette carrière incroyable, Léo est malheureusement mort à Montréal en 2008 à l’âge de 87 ans dans l’indifférence presque totale.
La bonne nouvelle est qu’enfin on assiste enfin à une réhabilitation de son nom et de ses exploits, par les historiens, les médias et la classe politique québécoise.
En espérant que cet humble article de blogue vous donne envie d’en apprendre plus sur cet homme d’exception.
Je vous invite d’ailleurs à visionner l’excellent documentaire « Léo Major — le fantôme borgne » disponible sur Tou.tv.
– Jonathan « Le Prof » St-Pierre
Références :
https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/leo-major
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Léo_Major
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1821369/leo-major-veteran-seconde-guerre-mondiale
https://www.journaldequebec.com/2021/04/17/un-heros-de-guerre-quebecois-enfin-honore
https://urbania.ca/article/10-choses-a-savoir-sur-un-heros-de-guerre-quebecois-meconnu