féminicides
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Pour stopper la vague… de féminicides 

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* Ce texte sur la vague de féminicides au Québec est une collaboration de Mme Alexandra Lajeunesse, enseignante. *

La récente vague de féminicides au Québec ne laisse personne indifférent, et avec raison !

Je suis la première à être révoltée.  

Malheureusement, le dernier drame de Sainte-Croix vient de nous allumer des lumières rouges foncées. Je trouve déplorable que cet enjeu ne soit pas pris plus au sérieux.

Par contre, les récents propos de la ministre Guilbault m’ont laissé de marbre. Franchement, c’est à n’y rien comprendre.

« Il semble qu’on ne pourra jamais empêcher tous les féminicides »

Elle pense que les victimes acceptent sans broncher de se faire dire que nous avons de la chance d’être en vie ? Que toutes les actions sont mises en place pour enrayer la violence envers les hommes et les femmes ?

Mais quel manque de respect et de compassion !

Je ne peux oser penser à toutes ces femmes (et ces hommes) qui ont laissé leurs vies ou qui ont été traumatisées par un épisode de violence conjugale.

C’est un scandale sans nom.

Je suis sans mot devant ce manque flagrant de jugement.

Ça aurait pu être moi…

J’ai été une victime de violence conjugale alors que j’étais adolescente. Mon ex-conjoint a essayé de me tuer. J’aurai pu faire partie des statistiques.

En écoutant cette déclaration, j’ai eu l’impression de me faire dire que ma vie ne valait pas la peine. Que je suis un numéro. Que je ne suis pas irremplaçable.

Mes parents n’auraient pas pu refaire une autre personne comme moi. Je ne suis pas achetable au magasin, madame la ministre. Toutes ces personnes qui ont laissé leur vie, et leurs familles, qu’en faites-vous ?

De plus, je ne suis pas certaine que les publicités qui passent en boucle à la télévision aient un réel impact. Je vous confirme que ce genre de personne n’écoute qu’elle. L’argent investi dans ces publicités aurait pu être mieux dépensé en prévention et en aide psychologique.

C’est bien beau tout ça, mais j’aimerais bien que les actions concrètes viennent avant que la 14e femme ne soit morte. Si je suis prête à me battre pour quelque chose, c’est bien pour ça en premier. Une femme de plus est une femme de trop.

Je suis une rescapée et les traces sont très difficiles à effacer. Le trauma sera profond pour le reste de ma vie.

Je n’ai que 27 ans.

La vie sera longue, sachant que ça fait déjà 6 ans que je vis avec un choc post-traumatique. Juste l’idée de le savoir en liberté m’effraie. De le savoir avec une autre femme. Qu’il n’a jamais eu de soin en santé mentale.

Juste l’idée que la vie a repris son cours, après les 10 ans que j’ai passés avec lui. Qu’il pourrait essayer de finir ce qu’il a commencé. La tentative de meurtre était la cerise sur le sundae. Mais il y a eu aussi les 10 années précédentes.

Les années de violence psychologique, de violence monétaire, de violence sociale et sexuelle. Il faudrait cesser de penser que la violence conjugale se limite à de la violence physique. La violence physique est le point culminant d’un long cycle de calvaire. C’est bien plus que ça, c’est très sournois.

C’est horrible.

Je souhaite que les gens soient conscientisés parce que leur nièce, leur fille, leur sœur, leur tante, leur mère, leur amie, leur cousine ou leur collègue de travail sont peut-être des victimes sous leurs yeux.

Je souhaite que ce texte soit un moteur de discussion sur le sujet. Il faut agir en tant que société.

C’est assez.

Alexandra Lajeunesse, enseignante

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