M. Legault, on veut notre graduation!
Monsieur Legault,
Vous rappelez-vous de votre cérémonie de graduation?
Probablement que vous étiez avec vos amis les plus proches qui souriaient autant que vous à l’idée d’avoir terminé le secondaire, alors que vos parents vous regardait avec fierté devant votre accomplissement.
La fin d’une grande étape, c’est ce qu’on nous a toujours répété.
On nous a aussi dit que ce serait une journée mémorable, forte en émotions et surtout plaisante. Vous avez eu cette chance M. Legault et en ce jour, je dois dire que je suis jalouse.
Oui, je suis jalouse.
Parce que cet après-midi, on nous a annoncé qu’on aurait pas cette chance. Nos parents, qui nous ont épaulés durant nos études, qui ont séchés les larmes de certains d’entre nous et qui nous ont aidé à nous relever de nos échecs, ne pourront pas être présents lors de ladite remise.
Seuls, nous allons recueillir un bout de papier, mais sans les gens qui nous ont aidé à l’obtenir, ça sert à quoi?
Oui la graduation, c’est se mettre en belle robe, se maquiller, enfiler ses plus belles chaussures et sourire devant l’objectif pour immortaliser notre réussite, mais ça revient à quoi si nous avons personnes autour de nous pour savourer ce moment?
Entendez moi bien, nous comprenons que nous sommes dans un contexte exceptionnel de pandémie, que c’est du jamais vu et que vous essayez de gérer ça du mieux que vous pouvez.
Je pense aux membres du personnel de l’École d’Iberville qui travaillent d’ailleurs d’arrache pied depuis le mois de janvier pour nous offrir une cérémonie à la hauteur des efforts que nous avons dû fournir, tout en respectant les mesures sanitaires pour assurer notre sécurité et la leur.
Eux aussi ont vu leurs espoirs et attentes être démolis, comme nous.
On ne vous demande pas de retirer l’ensemble des mesures qui nous protègent pour cette journée, seulement de les alléger. Je me lave les mains quand il le faut, je porte mon masque de procédure convenablement et je suis même vaccinée, comme la majorité des étudiants de mon école!
On veut seulement une journée, une journée pour créer des souvenirs qui resteront toute une vie, pour rire avec les visages qui ont peint le tableau de notre secondaire et courir dans les bras de nos parents une fois le diplôme dans nos mains.
Je suis encore plus jalouse en sachant qu’une grande partie de la population va pouvoir aller boire de la tequila dans le même verre dans un beachclub dans moins d’une semaine, alors que moi je vais devoir me priver de mes parents et des visages qui me sont les plus familiers.
Est-ce trop demandé M. Legault? Osez me dire que oui, en vous remettant dans vos souliers de jeune homme de 17 ans.
-Chloé Auger, finissante en secondaire V de l’école D’Iberville de Rouyn-Noranda