Capitole Qanon
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Qanon: L’armée de Trump à l’assaut du Capitole

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** Ce texte sur l’analyse de l’attaque sur le Capitole américain du 6 janvier dernier est une collaboration de M. Jérémie Rivard. Enseignant au secondaire en français et en histoire, Jérémie est également l’animateur du podcast historique Sur la terre des hommes. (Podcast dans lequel je suis co-animateur) **

Il m’a fallu presque deux semaines afin de me décider à écrire ce billet. Deux semaines complètes à digérer ce à quoi j’ai été témoin, ce à quoi nous avons été témoins.

Nous avons littéralement été ceux qui ont assisté à la fin d’une longue et pénible chute des États-Unis. Une chute qui a débuté il y a plusieurs dizaines d’années.

Nous avons littéralement été ceux qui ont assisté à la fin d’une longue et pénible chute des États-Unis. Une chute qui a débuté il y a plusieurs dizaines d’années.

Qui sont les assaillants du Capitole?

partisans de Trump devant le capitole
L’attaque du Capitole / NBC news

Pourquoi envahir cette institution qui est le monument de la démocratie américaine qui devrait être cher à chacun de ses citoyens? Et surtout, comment la première puissance mondiale en est arrivée à un tel degré de désordre?

Tout d’abord, qui sont les manifestants qui ont forcé les portes du Capitole? Pour comprendre qui ils sont, il faut connaître ce qui les a amenés à s’y rendre. Plusieurs d’entre vous connaissez peut-être le mouvement Qanon.

Mouvement, ensemble de théories, on caractérise Qanon selon le niveau d’importance que nous voulons lui donner. Pour ma part, je caractérise Qanon comme un mouvement, purement et simplement.

Né des entrailles d’Internet suite à l’élection de Donald Trump en 2016, le mouvement propose sa propre narrative, comme ses fidèles l’appellent, et suggère que Donald Trump, multimilliardaire aux multiples faillites et ex-vedette de téléréalité serait le Sauveur du Monde libre.

Apparu sur 4chan, le dénommé Q y va de prophétie en prophétie annonçant un grand ménage de Trump contre le Deep State.

Le Deep state

Le fameux Deep State ou en français l’État profond, serait une organisation composée de politiciens, dirigeants de grandes multinationales, d’artistes et autres qui seraient à la tête de l’Ordre mondial dans lequel nous sommes les asservis.

Ces gens qui seraient pédophiles et satanistes, deux valeurs absolument contraires et abjectes dans la société américaine, et nous les comprenons, tiendraient la planète en otage, nous cacheraient LA vérité.

Ils kidnapperaient des enfants afin d’en extraire le sang pour ainsi produire ce qu’ils appellent l’adrénochrome, une source de Jouvence qu’ils consommeraient pour garder leur jeunesse éternelle. Nous n’avons qu’à penser à la reine Elizabeth II et Joe Biden.

N’ont-ils pas l’air jeunes et emplis de fougue comme à leurs vingt ans? Vous devinerez ici le sarcasme. Donc, pour résumer, Donald Trump, homme du peuple et pour le peuple, est en croisade depuis 2016 pour mettre fin à cette tyrannie et sauver les enfants des méchants pédo-satanistes démocrates et de Lady Gaga qui les dévorent pour dîner…

Cinglée comme histoire me direz-vous?

Si c’est si dingue, pourquoi des millions d’américains y croient ainsi que des millions d’autres partout sur la planète?

Vous avez pu voir de vos propres yeux les croyants de Qanon, le 6 janvier dernier. Ce sont eux. En l’espace de quatre ans, le mouvement est devenu une secte, à mon avis.

Je sais, je ne suis nullement un spécialiste des sectes, mais avec les discussions que nous avons pu avoir, dans le podcast, avec Anne Marie Tapp, religiologue et Martin Geoffroy, directeur et chercheur principal du CEFIR, j’en arrive à cette conclusion.

L’adhésion est devenue croyance et la croyance est devenue Vérité. Ces gens ont délaissé les médias traditionnels ou mainstream pour se tourner vers une nouvelle source d’informations, leurs propres sources qu’ils pigent ici et là sur le Web.

Il est vrai que les médias que l’on peut qualifier de mainstream (télé, journaux, radio) font parfois un travail que l’on pourrait qualifier de discutable. Ils veulent être les plus écoutés, les plus visibles ou ceux qui vendent le plus de copies.

Une question d’argent avant tout.

C’est la business et ça, rien ne le changera, bien malheureusement. Nous voudrions tous des médias non subventionnés qui font le même travail, mais, à mon avis, cela tient de l’utopie, n’en déplaise à La Presse.

Ces chaînes, ces journaux et autres, ont pour but d’être rentables pour la plupart et de faire d’énormes profits pour une minorité. Alors, si deux attaques de pitbull surviennent la même semaine au Québec, ne vous surprenez pas si des pseudo-experts demandent leur bannissement total et complet. Les Nouvelles doivent donner un bon show.

En 2016, les médias n’ont pas pu résister et de faire de l’élection et des premiers mois de l’administration Trump, un spectacle. Cependant, plus les mois passaient et plus ils se sont enfargés dans leurs propres pieds.

Ces médias ont continué de couvrir la présidence qui s’annonçait chaotique, comme un show. Ensuite est arrivé l’ouragan Maria, en 2017, qui a anéanti Porto Rico.

Donald Trump s’est présenté sur place et, en plus de lancer des rouleaux de papier essuie-tout à une foule dans le besoin, a mentionné qu’ils avaient de la chance de ne pas avoir connu l’ouragan Katrina qui elle, était une vraie catastrophe.

Ensuite est venu les épisodes désolants des enfants mexicains séparés de leurs parents et enfermés dans des cages comme du bétail. Les médias critiquaient déjà Trump, mais la ‘’game’’ avait changé.

Avaient-ils, sans le vouloir, créé un monstre?

L’administration Trump était alors scrutée à la loupe. Les moindres faits et gestes du président étaient épiés et analysés. Les fameuses Fake News évoquées lors de sa campagne électorale sont alors réapparues de plus belle.

Des allégations d’agressions sexuelles d’avant sa présidence, son état mental, ses nombreuses frasques, l’image qu’il projetait des États-Unis à l’étranger, le nouvel ALENA, rien n’allait dans le sens qu’il voulait. FAKE NEWS!

Les adeptes de Qanon, eux, ont tout vu, tout comme nous, mais dans une lunette différente. Cet acharnement des médias sur Donald Trump était LA preuve que le Deep State existait bel et bien et que celui-ci tentait par tous les moyens possibles et imaginables de mettre des bâtons dans les roues de la présidence Trump.

Leur président était la cible de tous.

Une seule raison leur paraissait évidente : Ils veulent empêcher Trump de gouverner et de mettre au jour le Deep State. Les médias prouvaient ainsi faire partie de ce fameux Deep State, ainsi que tous ceux qui défendaient ces mêmes médias comme le parti Démocrate et artistes plus de gauche.

À partir des médias sociaux, ils se sont reconnus, se sont rassemblés pour se confortés dans leurs croyances. Des gourous sont nés même ici, au Canada et au Québec, là où Donald Trump n’a aucune autorité.

Un territoire qu’il a tenté de mettre à mal par des taxes sur l’aluminium, entre autres. Malgré cela, des gens comme Alexis Cossette-Trudel, Daniel Pilon, Stéphane Blais, Stu Pitt et plusieurs autres ont mis le président américain sur un pied d’estale, voire le vénérer.

Les propos d’ACT se sont répandus dans toute la francophonie à la vitesse de l’éclair. Aux États-Unis, le discours Qanoniste, un terme complétement inventé je vous l’accorde, a rejoint des élus, des membres des forces de l’ordre et de l’armée.

Dire comment le discours peut être séduisant pour plusieurs.

Partisans de Trump à l'intérieur du capitole
Les Q dans le Capitole / Getty images

Tout cela pour culminer au 6 janvier 2021 où le Capitole fut assiégé par ces gens, qui, aveuglés par leurs croyances sans fondement, ont même pris le temps de se filmer avec leur cellulaire, avant de poster le tout sur leurs réseaux sociaux préférés. Les quelques individus identifiés encourent maintenant de lourdes peines de prison pour sédition, un crime fédéral très grave.

Voilà ma vision de la chose. Voilà comment les États-Unis ont pu en arriver là. Contre vents et marées, Donald Trump a su galvaniser ses croyants et les inviter à marcher sur le Capitole.

Telle une masse lessivée par des discours haineux, mensongers, dénués de tout sens critique, ils ont obéi à leur Messie. Un Messie qui n’aura fait que passer dans nos vies et qui aura laissé sa trace indélébile et visqueuse sur les institutions américaines qui prendront des années à s’en remettre. 

– Jérémie Rivard

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